12
Dans les régions sauvages
de l’Outreterre

 

 

— Tout est prêt ? demanda Drizzt à Belwar quand le maître-terrassier revint.

— L’âtre est creusé, répondit le gnome en frappant triomphalement ses mains de mithral l’une contre l’autre tout en veillant à ne pas faire trop de bruit. J’ai confectionné un autre lit dans un coin. J’ai laissé des traces de pas et mis ta bourse dans un endroit où elle sera facile à trouver. J’ai même laissé quelques pièces d’argent sous la couverture ; je suppose que je n’en aurai pas besoin avant longtemps.

Belwar avait beau fanfaronner, Drizzt savait bien que les svirfnebelins ne se séparaient pas facilement de leurs objets de valeur.

— C’est du beau travail, dit l’elfe, tentant d’adoucir les regrets de son ami.

— Et toi, elfe noir ? As-tu vu ou entendu quelque chose ?

— Rien, répondit Drizzt en montrant un tunnel qui partait sur le côté. J’ai envoyé Guenhwyvar en reconnaissance. S’il y a quelqu’un dans les parages, on le saura.

— C’est un excellent plan, remarqua Belwar. Aménager un faux campement aussi loin de Blingdenpierre devrait tenir ta mère et ses manigances loin des miens.

— Et avec un peu de chance, ma famille croira peut-être que je suis encore dans les parages et que je compte y rester, ajouta Drizzt d’un ton optimiste. As-tu réfléchi à notre destination ?

— Un chemin en vaut un autre, dit Belwar en écartant les bras. À ma connaissance, il n’y a pas d’autres cités à des kilomètres à la ronde, hormis les nôtres.

— Partons vers l’ouest alors, proposa Drizzt. Laissons Blingdenpierre derrière nous et allons explorer les régions sauvages de l’Outreterre, loin de Menzoberranzan.

— Cela me semble une bonne décision, acquiesça le maître-terrassier.

Belwar ferma les yeux et se concentra pour entrer en résonance avec la pierre. Comme beaucoup de races de l’Outreterre, les gnomes des profondeurs pouvaient sentir les variations du champ magnétique de la roche, un don qui leur permettait de s’orienter aussi facilement qu’un habitant de la surface avec le soleil. Après quelques instants, Belwar indiqua un tunnel.

— L’ouest est par là, dit-il. Hâtons-nous ! Plus nous mettrons de distance entre toi et ta mère, plus nous serons en sécurité.

Il observa Drizzt longuement, se demandant s’il était suffisamment proche de son nouvel ami pour lui poser la question qu’il avait en tête.

— Que se passe-t-il ? demanda l’elfe, sentant l’hésitation du gnome.

Belwar se lança, curieux d’entendre ce qu’allait lui répondre son ami.

— Quand tu as appris que tu étais la raison de l’activité drow dans les tunnels est, je t’ai vu chanceler. C’est quand même ta famille, elfe noir, sont-ils vraiment si terribles ?

Le petit rire de Drizzt rassura le gnome – il n’avait pas été trop loin.

— Approche, dit l’elfe à Guenhwyvar qui venait de revenir de sa ronde. Puisque notre mise en scène est terminée, commençons notre nouvelle vie. La route devrait être suffisamment longue pour que je te raconte toutes les histoires de ma Maison et de ma famille.

— Attends, dit Belwar. Il sortit de sa bourse un petit coffret. C’est un cadeau du roi Schnicktick.

Il ouvrit le couvercle et en sortit une broche lumineuse. L’elfe regarda le maître-terrassier avec incrédulité.

— Cela fera de toi une belle cible.

— Cela fera de nous deux des belles cibles, corrigea Belwar en souriant. Mais ne crains rien, elfe noir, cette lumière repoussera plus d’ennemis qu’elle en attirera. Je n’ai pas vraiment envie de trébucher à chaque pas que nous ferons dans cette obscurité.

— Combien de temps brillera-t-elle ? demanda l’elfe.

À son ton, Belwar comprit qu’il souhaitait la voir s’éteindre rapidement.

— Le dweomer est éternel, assura le gnome en souriant de plus belle. Seul un prêtre ou un magicien pourrait le détruire. Arrête de t’inquiéter. Quelle créature de l’Outreterre s’exposerait à la lumière de son plein gré ?

Drizzt haussa les épaules ; il n’avait pas d’autre choix que de faire confiance à la longue expérience du svirfnebelin.

— Très bien, se résigna-t-il en secouant sa chevelure blanche. C’est parti pour l’aventure.

— Et n’oublie pas les histoires que tu dois me raconter, répondit Belwar, que ses petites jambes obligeaient à trotter pour se maintenir au niveau de l’elfe qui avançait à grandes et gracieuses enjambées.

Ils marchèrent pendant des heures, firent une pause pour manger et se remirent en route. À certains moments, Belwar utilisait la broche, à d’autres ils progressaient dans le noir, selon qu’ils percevaient un danger ou pas. Guenhwyvar, prenant à cœur son rôle d’éclaireuse, était rarement au côté de ses compagnons mais elle n’était jamais très loin.

Pendant dix jours de suite, ils ne s’arrêtèrent que lorsque la faim les tenaillait ou que la fatigue les obligeait à reprendre des forces, car ils voulaient s’éloigner le plus rapidement possible de Blingdenpierre – et donc des poursuivants de Drizzt. Néanmoins, il leur fallut encore dix jours avant d’atteindre des tunnels que Belwar ne connaissait pas – le svirfnebelin avait été maître-terrassier pendant près de cinquante ans et avait mené de nombreuses expéditions loin de Blingdenpierre.

« Je connais cet endroit », disait souvent le gnome lorsqu’ils entraient dans une nouvelle caverne. « J’y ai extrait du minerai de fer, un wagonnet entier », ou bien c’était du mithral, ou d’autres minerais précieux dont Drizzt n’avait jamais entendu parler. Bien que ces longs exposés sur les expéditions minières du maître-terrassier parlent toujours plus ou moins de la même chose – de combien de manières différentes les gnomes des profondeurs peuvent-ils extraire du minerai ? –, Drizzt écoutait son ami avec attention et savourait chacune de ces paroles.

Il se souvenait trop bien du silence.

L’elfe aussi parla de ses aventures, de son apprentissage à l’Académie, et surtout des séances d’entraînement avec Zaknafein. Il montra au gnome sa botte spéciale, celle qui lui avait permis de surprendre son maître, et aussi la langue des signes des drows, mélange de mimiques faciales et de gestes des mains. Il envisagea même d’apprendre à Belwar à maîtriser ce langage, mais sa proposition fit éclater de rire le gnome : avec une pioche et une tête de marteau en guise de mains, il y avait peu de chances qu’il y parvienne. Le gnome avait néanmoins été touché par l’intention de son ami, et l’absurdité de la chose les avait bien fait rire.

Guenhwyvar et le svirfnebelin devinrent eux aussi de bons amis au fil des semaines. Souvent, Belwar était réveillé par des fourmillements dans les jambes et découvrait invariablement la panthère – qui pesait bien deux cent cinquante kilos – confortablement allongée sur elles. Il grommelait et faisait mine de déloger l’animal d’un coup de sa main-marteau. C’était devenu un jeu entre eux. La compagnie de la panthère ne le dérangeait pas, bien au contraire ; le gnome trouvait le sommeil d’autant plus facilement que la seule présence de Guenhwyvar suffisait à éloigner le danger qui guettait habituellement les voyageurs endormis.

— As-tu compris ? chuchota l’elfe à l’oreille de Guenhwyvar.

Un peu plus loin, Belwar dormait profondément, allongé sur le dos, une pierre en guise d’oreiller. Drizzt s’en étonnait encore, trouvant que les gnomes des profondeurs poussaient un peu trop loin leur affinité avec la terre.

— Vas-y !

La panthère alla s’installer sur les jambes du maître-terrassier et l’elfe alla se cacher pour ne rien manquer de la scène.

Quelques minutes plus tard, Belwar se réveilla en ronchonnant.

— Magga cammara, panthère ! Pourquoi te couches-tu toujours sur moi et jamais à côté de moi ? (Guenhwyvar se décala légèrement et lui répondit par un bâillement prolongé. Le gnome agitait frénétiquement ses doigts de pied pour tenter de relancer sa circulation sanguine.) Ôte-toi de là !

Il avait réussi à s’appuyer sur un coude et menaçait l’arrière-train de Guenhwyvar de sa main-marteau. Celle-ci s’écarta d’un bond, faisant semblant de s’enfuir, mais, au moment où le svirfnebelin commençait à se détendre, elle fit volte-face et sauta sur sa victime, l’écrasant de tout son poids.

Après s’être débattu un moment, le gnome parvint à dégager son visage de sous le poitrail musclé de la panthère.

— Lève-toi ou tu vas voir de quel bois je me chauffe ! rugit-il.

De toute évidence, c’était une menace en l’air.

Guenhwyvar se déplaça, uniquement pour s’asseoir plus confortablement sur son « perchoir ».

— Elfe noir ! cria Belwar. Rappelle ta panthère immédiatement !

— Salutations, fit Drizzt en débouchant du tunnel comme s’il venait d’arriver. Vous êtes encore en train de jouer ? Je croyais que mon tour de garde était fini.

— Ton tour est bien terminé, tenta de répondre Belwar, mais la panthère bougea encore, étouffant ces paroles dans son pelage noir.

Drizzt vit le long nez aquilin de Belwar se plisser en signe d’irritation.

— Ne vous interrompez pas pour moi. Je ne suis pas si fatigué que ça. Vous avez l’air de tellement bien vous amuser.

Il caressa la panthère en lui adressant un clin d’œil complice avant de s’éloigner.

— Elfe noir ! grogna une dernière fois Belwar.

Mais le drow poursuivit son chemin et, avec la bénédiction de son maître, Guenhwyvar s’endormit sur sa pauvre victime.

 

 

Drizzt s’était accroupi et se tenait immobile, le temps de laisser ses yeux passer de l’infravision – la visualisation des objets grâce à la chaleur qu’ils dégagent – à la vision normale – celle du royaume de la lumière naturelle. Avant même que le processus soit achevé, il sut qu’il avait deviné juste. Devant lui, une lueur rouge était apparue de l’autre côté d’une petite arche naturelle. Il décida de rester où il était tant que Belwar ne l’avait pas rejoint. Il s’écoula peu de temps avant que la lueur diffuse de la broche enchantée du gnome apparaisse.

— Éteins-la, chuchota Drizzt.

Belwar obtempéra et rampa pour rejoindre son ami ; il vit à son tour la lueur rouge et comprit mieux la prudence de son ami.

— Envoie la panthère voir ce qui se passe, proposa le gnome.

— Ce n’est pas possible. Passer d’une dimension à l’autre est éprouvant pour elle. Elle a régulièrement besoin de se reposer dans le plan astral.

— Alors rebroussons chemin, suggéra le svirfnebelin. On trouvera bien un autre tunnel.

— Mais nous avons parcouru ce tunnel sur huit kilomètres, répondit Drizzt. Cela prendrait trop de temps.

— Dans ce cas, allons voir de quoi il s’agit, dit Belwar en se relevant.

Drizzt aimait l’attitude directe de son ami et le suivit.

Arrivé à l’arche, l’elfe dut s’accroupir complètement pour pouvoir passer en dessous. Une fois de l’autre côté, ils débouchèrent dans une immense caverne, dont le sol et les murs étaient recouverts d’une sorte de mousse luminescente d’où provenait la lueur rouge. Drizzt n’avait jamais rien vu de pareil, mais Belwar semblait savoir de quoi il s’agissait.

— Ce sont des baruchies, lâcha Belwar dans un gloussement. (Voyant que Drizzt restait sans réaction, il expliqua :) Des cracheurs écarlates, si tu préfères. Je n’en avais pas vu autant depuis des lustres. Un tel spectacle est très rare.

Drizzt, qui ne comprenait toujours pas, haussa les épaules et commença à s’aventurer dans la caverne. Le gnome des profondeurs le ramena brutalement en arrière avec sa main-pioche.

— Je viens de te dire que c’étaient des cracheurs écarlates, insista le maître-terrassier. Magga cammara, elfe noir, comment as-tu fait pour survivre toutes ces années ?

Belwar donna un coup sur la paroi avec sa main-marteau afin de détacher un bloc de pierre qu’il envoya ensuite dans la caverne à l’aide de sa main-pioche. Le bloc atterrit sur la mousse dans un bruit sourd et un nuage de spores se forma dans l’air.

— Tu as vu ? Ces plantes crachent une fumée toxique, expliqua le svirfnebelin. Respire-la et tu es mort. Si tu as l’intention de traverser, tu as intérêt à avoir le pas léger, mon ami. Mais si j’étais toi, je ne ferais pas l’imbécile.

Drizzt se gratta la tête, perplexe. Il n’avait aucune envie de faire les huit kilomètres qu’ils avaient parcourus en sens inverse, mais il n’avait non plus l’intention de risquer sa vie en traversant le champ de baruchies. Il regarda autour de lui en quête d’une solution et aperçut, émergeant du tapis de mousse rouge, des pierres nues qui permettaient de rejoindre plus loin un chemin de pierre.

— Nous pouvons passer par là, dit-il à son ami en lui montrant sa découverte. Il y a un chemin.

— Il y en a toujours un dans les champs de baruchies, dit le gnome tout bas.

Drizzt, qui avait l’ouïe très fine, l’entendit.

— Que veux-tu dire ? demanda-t-il en sautant avec agilité sur la première pierre.

— C’est l’œuvre d’un grubber.

— Un grubber ?

Drizzt revint prudemment sur ses pas et rejoignit le maître-terrassier.

— C’est une grosse chenille, expliqua Belwar. Les grubbers adorent les baruchies et semblent immunisés contre leurs émanations toxiques.

— Ils sont gros comment ?

— De quelle largeur est le chemin que tu as aperçu ?

— De trois mètres à peu près, répondit Drizzt en sautant de nouveau sur la première pierre.

Belwar réfléchit un moment.

— Ça correspond à la largeur d’un gros grubber, ou à celle de deux grubbers de moindre envergure.

Drizzt revint une fois de plus près du gnome en jetant un regard circonspect par-dessus son épaule.

— C’est vraiment une grosse chenille alors.

— Oui, mais avec une petite bouche ; les grubbers ne se nourrissent que de baruchies. Ce sont des créatures plutôt pacifiques.

Pour la troisième fois, l’elfe sauta sur la pierre.

— Y a-t-il encore quelque chose que je devrais savoir avant de continuer ? demanda-t-il, exaspéré.

Belwar fit un signe de tête négatif.

Drizzt ouvrit la marche. Sautant d’une pierre à l’autre, les deux compagnons traversèrent le champ de baruchies sans encombre et se retrouvèrent au milieu du chemin de trois mètres de large. Celui-ci traversait toute la grotte et à chacune de ses extrémités s’ouvrait un autre passage. Drizzt désigna les deux directions, se demandant laquelle Belwar préférerait.

Le gnome des profondeurs partit vers la gauche mais il s’arrêta brusquement et regarda devant lui avec inquiétude. Drizzt comprit l’hésitation de son ami en sentant la pierre vibrer sous ses pieds.

— C’est le grubber, dit Belwar. Reste là et observe, le spectacle en vaut vraiment la peine.

Drizzt afficha un grand sourire et s’accroupit, impatient de voir la créature. Mais en entendant s’éloigner des pas rapides derrière lui, il se dit que quelque chose n’allait pas. Il se retourna et vit Belwar en train de détaler en direction de l’autre sortie.

— Où…, commença-t-il à demander lorsqu’une formidable explosion, comme si une grotte s’effondrait, se fit entendre de l’autre côté – autrement dit du sien.

— Pour ça oui, le spectacle en vaut vraiment la peine ! hurla le gnome.

Drizzt dut reconnaître que Belwar n’avait pas menti en voyant le grubber faire son apparition : il était immense, plus grand que le basilic que Drizzt avait tué et ressemblait à un gigantesque ver de couleur gris pâle, excepté qu’il avait une multitude de petites pattes le long de son corps massif. Il n’avait pas vraiment de bouche et ne ressemblait effectivement pas à un prédateur. L’énorme créature fonçait à présent droit sur Drizzt, qui se voyait déjà complètement écrasé sous son poids. Il fit mine de saisir ses cimeterres mais se rendit compte aussitôt de l’absurdité de son idée : où pourrait-il bien frapper cette chose pour la ralentir ? Comprenant que c’était la seule chose à faire, il fit volte-face et se mit à courir pour rejoindre le maître-terrassier.

Le sol tremblait tellement sous ses pieds qu’il se demandait s’il n’allait pas finir par tomber dans le champ de baruchies. Mais alors qu’il approchait de l’entrée du tunnel, il remarqua un petit passage sur le côté, trop étroit pour le grubber. Il s’y engouffra et, pris par son élan, il rebondit plusieurs fois sur les parois. La créature, trop grosse pour le suivre, donna des coups violents contre l’entrée du passage, faisant s’effondrer des morceaux de roche de tous les côtés.

Quand la poussière retomba, le grubber était toujours à l’extérieur, grognant et cognant contre la paroi. Belwar se tenait quelques mètres plus loin, les bras croisés sur sa poitrine, un sourire narquois sur les lèvres.

— Des créatures pacifiques, hein ! dit Drizzt en se relevant et en s’époussetant.

— Elles le sont, simplement elles aiment trop leurs baruchies pour les partager ! répondit le gnome.

— J’ai presque failli être écrasé par ta faute, le réprimanda le drow.

— Dis-toi bien, elfe noir, que la prochaine fois que tu laisseras ta panthère se coucher sur moi, ce sera pire encore !

Drizzt parvint difficilement à réprimer un sourire. Son cœur tambourinait encore dans sa poitrine à cause de toutes ces émotions, mais il n’arrivait pas à en vouloir à son compagnon. Sa vie avait tellement changé depuis qu’ils étaient ensemble ; elle était tellement plus agréable ! L’elfe jeta un regard par-dessus son épaule en direction du grubber en colère qui s’entêtait à vouloir défoncer l’entrée du passage.

— Suis-moi, poursuivit le svirfnebelin d’un air suffisant. On ne fait qu’énerver le grubber davantage en restant là.

Plus ils avançaient, plus le passage rétrécissait. Au bout de quelques mètres, il bifurqua brutalement. Une fois passé le virage, les deux compagnons comprirent que leurs ennuis étaient loin d’être finis : le tunnel se terminait par un cul-de-sac. Pendant que Belwar inspectait le mur, ce fut au tour de Drizzt de croiser les bras et d’ironiser.

— Nous voilà dans une fâcheuse posture, mon petit ami. Coincés dans un tunnel sans issue avec un grubber irascible à nos trousses.

L’oreille collée contre la paroi, Belwar lui fit signe de se taire.

— En aucun cas, assura-t-il. Il y a un autre tunnel par là, à environ deux mètres, pas plus.

— Deux mètres de roche, lui fit remarquer l’elfe.

Mais Belwar ne semblait guère s’en soucier.

— Il y en a pour un jour de travail, peut-être deux, dit le gnome.

Belwar écarta les bras et entonna un chant à voix basse. Bien qu’il ne puisse l’entendre distinctement, Drizzt devina qu’il devait s’agir d’une sorte de formule magique.

— Bivrip ! cria le gnome.

Il ne se passa rien mais le maître-terrassier ne semblait pas du tout déçu.

— Un jour, déclara-t-il en se tournant vers Drizzt.

— Qu’est-ce que c’était ce chant ? demanda le drow.

— J’ai préparé mes mains, répondit-il.

Voyant que Drizzt ne comprenait pas, il frappa la paroi avec sa main-marteau. Une gerbe d’étincelles jaillit, aveuglant l’elfe. Quand les yeux du drow s’habituèrent enfin à l’intensité lumineuse que provoquait chaque coup du svirfnebelin, il constata que son ami avait déjà entamé la paroi de plusieurs centimètres.

— Magga cammara, elfe noir ! Tu ne pensais tout de même pas que mon peuple m’avait fabriqué de si belles mains sans y avoir insufflé un peu de magie ?

Drizzt alla s’asseoir contre la paroi.

— Tu es décidément plein de surprises, mon petit ami, s’inclina-t-il, admiratif.

— En effet, clama Belwar avant de se remettre au travail.

Ils sortirent du tunnel un jour plus tard, comme le svirfnebelin l’avait promis, et ils reprirent leurs pérégrinations. Selon les estimations du gnome, ils marchaient désormais en direction du nord. Ils savaient tous deux qu’ils avaient eu de la chance jusqu’ici ; depuis vingt jours qu’ils étaient dans l’Outreterre, la seule créature hostile qu’ils avaient rencontrée était un grubber défendant son parterre de baruchies.

Quelques jours plus tard, leur chance tourna.

— Appelle la panthère, dit Belwar.

Les deux compagnons s’étaient accroupis dans le large tunnel qu’ils étaient en train de traverser. Drizzt était d’accord avec le maître-terrassier ; lui non plus n’aimait pas la lueur verte qui brillait devant eux. Peu de temps après, la brume noire tourbillonna et Guenhwyvar apparut à leurs côtés.

— J’y vais le premier, dit le drow. Vous deux, restez ensemble, à une vingtaine de pas derrière moi.

Belwar acquiesça et Drizzt commença à avancer. Quand il sentit le bras à tête de pioche du svirfnebelin s’accrocher à lui, l’obligeant à se retourner, il n’en fut pas surpris.

— Sois prudent, lui dit simplement le gnome.

L’elfe lui sourit, touché de la sincérité de son ami et réalisant une fois de plus combien il était agréable d’avoir un compagnon avec soi. Puis, chassant ces pensées, il se remit en route, se laissant guider par son instinct et son expérience.

Il découvrit que la lueur venait d’un trou dans le sol du tunnel. Drizzt se mit à plat ventre et regarda à travers : un autre tunnel, perpendiculaire à celui dans lequel il se trouvait et situé environ trois mètres plus bas, semblait déboucher sur une vaste grotte.

— Qu’est-ce que c’est ? murmura le gnome qui arrivait derrière lui.

Drizzt lui résuma ce qu’il avait découvert, puis releva la tête et regarda intensément l’obscurité devant lui.

— Notre tunnel continue dans cette direction, réfléchit-il tout haut. Il nous sera facile de passer par là.

Belwar étudia le tunnel par lequel ils étaient arrivés et aperçut le virage.

— Le tunnel repart en sens inverse, constata-t-il. Je parie qu’il mène précisément au couloir latéral que nous avons dépassé il y a environ une heure.

À son tour il se laissa tomber dans la poussière et regarda dans le trou.

— Qu’est-ce qui peut bien briller comme ça ? lui demanda Drizzt. Un autre genre de mousse ?

— Pas que je sache, lâcha Belwar.

— On va voir ce que c’est ? proposa l’elfe.

Le svirfnebelin lui sourit et sauta dans l’ouverture ; Drizzt et la panthère le suivirent en silence. L’elfe dégaina ses cimeterres et reprit la tête de l’expédition.

Ils débouchèrent dans une immense grotte dont ils avaient du mal à apercevoir le plafond. Six mètres plus bas s’étendait un lac bouillonnant et malodorant d’où émanait la lueur verte. Des dizaines de passerelles de pierre reliées les unes aux autres quadrillaient la gorge ; de largeur variable, la plupart se terminaient par des ouvertures donnant sur d’autres tunnels latéraux.

— Magga cammara, chuchota le svirfnebelin, ébahi.

Drizzt partageait son sentiment.

— On dirait que le sol de cette caverne a explosé, fit remarquer le drow, retrouvant l’usage de la parole.

— Il a fondu plutôt, intervint Belwar en devinant la nature du liquide.

Il détacha un morceau de pierre de la paroi et, s’assurant que Drizzt était attentif, il le jeta dans le lac. La pierre se désagrégea dans un sifflement lugubre au moment même où elle toucha la surface du lac.

— C’est de l’acide, conclut le gnome.

Drizzt le dévisagea. Il savait ce qu’était l’acide. Pendant sa formation à l’Académie, sous la supervision des magiciens de Sorcere, il avait souvent vu ces derniers en fabriquer pour leurs expériences magiques. En revanche, il n’aurait jamais pensé que l’acide puisse exister à l’état naturel ou dans une telle quantité.

— C’est sûrement l’œuvre d’un sorcier, estima Belwar. Une expérience qui aura mal tourné, il y a longtemps. L’acide aura grignoté la pierre, centimètre par centimètre, engloutissant le sol progressivement.

— Ce qui reste du sol semble pourtant bel et bien solide, dit l’elfe en montrant les passerelles. Et les tunnels pour sortir d’ici ne manquent pas.

— Alors traversons, dit le gnome. Je n’aime pas cet endroit. Nous sommes à découvert, en pleine lumière et je ne veux pas m’éterniser sur ces passages étroits, surtout avec un lac d’acide en dessous.

Drizzt allait s’engager sur l’une des passerelles lorsque Guenhwyvar passa rapidement devant lui. L’elfe comprit les intentions de la panthère et la laissa faire.

— Elle va passer devant, expliqua-t-il à Belwar. Elle est plus lourde que nous et elle est suffisamment rapide pour s’en sortir si le pont commence à s’effondrer sous son poids.

Le maître-terrassier ne semblait pas complètement convaincu.

— Et si elle n’arrive pas à s’en sortir ? demanda-t-il, sincèrement inquiet. Quel est l’effet de l’acide sur une créature magique ?

Drizzt n’était pas sûr de la réponse.

— Il ne lui arrivera rien, dit-il en sortant la statuette d’onyx de sa poche. Au moindre problème, je la renverrai dans son plan d’origine.

Guenhwyvar était bien engagée sur la passerelle à présent. Celle-ci semblant suffisamment solide, l’elfe décida de la suivre.

— Magga cammara, j’espère que tu as raison, marmonna Belwar dans son dos tandis qu’il avançait sur la voie.

La grotte était immense et même la sortie la plus proche se trouvait à plusieurs centaines de mètres. Belwar et Drizzt étaient presque arrivés à mi-chemin – la panthère, elle, était plus loin devant – quand ils entendirent une étrange psalmodie. Ils s’arrêtèrent et promenèrent leur regard alentour, essayant d’en repérer la source. Une créature étrange émergea d’une des niches rocheuses. C’était un bipède à la peau noire, avec une tête d’oiseau et un torse d’homme, sans plumes ni ailes. Ses bras puissants se terminaient par des serres crochues et menaçantes, et ses jambes par des pieds à trois doigts. D’autres créatures semblables apparurent bientôt derrière la première.

— Des cousins à toi ? demanda Belwar à Drizzt, car ces créatures ressemblaient vaguement à un croisement entre un elfe noir et un oiseau.

— Assurément pas ; je n’ai jamais entendu parler de telles monstruosités.

Le chant qui avait d’abord attiré leur attention reprit de plus belle, tandis que de nouveaux hommes-oiseaux sortaient d’autres grottes. C’étaient des corbies, une race ancienne que l’on trouvait surtout dans les régions du sud de l’Outreterre. Étant peu nombreux et ayant une tactique de chasse rudimentaire, ils n’avaient jamais représenté une menace sérieuse pour les autres espèces de la région. En revanche, pour un petit groupe d’aventuriers, ils constituaient un réel danger.

— Ils n’ont pas l’air contents de nous voir, intervint le gnome.

Le chant se mua en cris stridents et les corbies commencèrent à se rapprocher.

— Au contraire, mon petit ami, ils sont très contents de nous voir. Ils ne savaient pas quoi manger ce soir.

Le gnome des profondeurs regarda autour de lui, désemparé. Toutes les sorties étaient désormais barrées ; la confrontation était inévitable.

— Tu sais, elfe noir, il y a un millier d’autres endroits où je préférerais me battre, dit-il en regardant encore le lac d’acide qui bouillonnait en contrebas.

Il prit une grande inspiration pour se calmer et entama le rituel qui lui servait à ensorceler ses mains.

— Continue à avancer, lui ordonna Drizzt. Il faut qu’on se rapproche le plus possible d’une sortie avant que le combat commence.

Alors qu’un groupe de corbies arrivait sur eux par une passerelle latérale, Guenhwyvar bondit pour leur bloquer la route.

— Bivrip ! cria le gnome, prêt à se jeter dans la bataille imminente.

— Guenhwyvar peut s’en occuper seule, lui assura Drizzt en se dirigeant d’un pas rapide vers le mur le plus proche.

Belwar comprit le raisonnement de son ami ; un autre groupe de corbies venait de sortir de l’ouverture par laquelle ils espéraient pouvoir s’enfuir.

La panthère atterrit au milieu des hommes-oiseaux avec une telle force que deux d’entre eux basculèrent dans le vide en poussant des cris horribles. Leur disparition ne sembla guère perturber leurs congénères. Tout en continuant leur psalmodie, ils tentaient de lacérer l’animal avec leurs serres, mais Guenhwyvar était elle aussi équipée pour le combat et, à chaque coup de griffes, elle envoyait un nouvel assaillant à la mort. La lutte était acharnée, mais chaque fois que la panthère faisait tomber un corbie dans le lac d’acide, d’autres surgissaient et repartaient à l’attaque. Si bien que, finalement, elle se retrouva encerclée.

 

 

Belwar, qui se tenait à un endroit où la passerelle était particulièrement étroite, laissait les hommes-oiseaux venir à lui. Drizzt, empruntant une voie parallèle à cinq mètres de là où se trouvait son ami, l’imita et sortit ses cimeterres avec un soupçon d’hésitation. Le drow pouvait sentir les instincts sauvages du chasseur tenter de prendre le dessus mais il tint bon. Il était Drizzt Do’Urden, et il ferait face à ses ennemis en gardant le contrôle de chacun de ses mouvements.

Quand les corbies furent sur lui, il se contenta de parer leurs coups, le plat de ses lames venant efficacement à bout de chacune de leurs tentatives. Le drow faisait tournoyer ses cimeterres mais, ne voulant pas laisser libre cours au tueur qui était en lui, il ne chargeait pas. Après quelques minutes, il était toujours au même endroit, face au même ennemi.

Belwar, lui, ne se posait pas autant de questions ; chaque corbie qui s’approchait goûtait à sa main-marteau. Ses victimes mouraient souvent instantanément, emportées par le choc violent et la force brute des coups qu’il leur assenait, mais il ne s’attardait jamais pour s’en assurer. Sa main-pioche prenait le relais et projetait les corps inanimés dans l’acide. Belwar s’était déjà débarrassé d’une demi-douzaine de corbies lorsqu’il tourna la tête vers son ami et s’aperçut du dilemme qui le torturait.

— Magga cammara, elfe noir. Bats-toi pour gagner ! Tue-les, ils n’auront aucune pitié à ton égard !

L’elfe n’entendait plus les paroles du gnome ; ses yeux lavande baignés de larmes, il luttait pour ne pas tuer. Un nouvel adversaire arriva sur lui ; Drizzt, qui continuait à faire tournoyer ses cimeterres, parvint à le déséquilibrer et, au lieu de le tuer d’un coup de sabre, le frappa à la tête avec le pommeau de son arme. Le corbie tomba comme une pierre et se mit à rouler sur la passerelle. Alors qu’il allait tomber dans le lac, Drizzt le retint avec son pied.

Belwar secoua la tête et frappa un nouvel assaillant. Le coup de sa main-marteau enchantée fit reculer le corbie, lui broyant une partie de la poitrine. La créature resta interdite, ne proférant aucun son et ne faisant aucun mouvement quand la main-pioche la saisit à l’épaule et l’envoya dans le lac d’acide.

 

 

Guenhwyvar exaspérait ses assaillants. Alors qu’ils pensaient enfin pouvoir la tuer, elle fit un bond extraordinaire de près de neuf mètres en direction d’une autre passerelle. En atterrissant, elle dérapa sur la pierre polie, et il s’en fallut de peu qu’elle tombe dans le lac d’acide, emportée par son élan. Non loin de là, un corbie isolé en profita pour sauter sur elle, mais elle le saisit au cou dans sa gueule puissante et lui ôta la vie. Tout occupée au combat, elle ne vit pas ce qui se préparait au-dessus de sa tête.

Perché dans les hauteurs de la caverne, un homme-oiseau guettait sa proie. Apercevant la panthère, il se saisit d’une grosse pierre à côté de lui et bascula dans le vide avec elle. Guenhwyvar réussit à se déporter de justesse, mais le corbie kamikaze n’en avait que faire. Sous l’effet de la violence de l’impact, l’étroite passerelle commença à tomber en morceaux.

La panthère tentait désespérément de prendre appui sur la pierre pour s’élancer d’un bond vers un endroit plus sûr, mais la passerelle se désintégrait au fur et à mesure qu’elle essayait d’y planter ses griffes, et elle dégringola à son tour vers le lac.

Alerté par les cris d’exaltation des corbies, Belwar tourna la tête juste au moment où Guenhwyvar disparaissait dans l’acide. Drizzt, occupé à se défendre contre un adversaire tenace, ne vit rien de la scène. Mais c’était inutile. En sentant la statuette d’onyx s’échauffer brusquement dans sa poche et en voyant des volutes de fumée s’élever de son piwafwi, il devina ce qui était arrivé à la panthère.

Ses larmes disparurent ; il était redevenu le chasseur.

Les corbies se battaient avec fureur, le plus grand honneur selon eux étant de périr au combat. Ceux qui étaient à proximité de l’elfe allaient bientôt connaître l’apothéose.

Le drow brandit ses cimeterres devant lui et les planta dans les yeux de l’homme-oiseau qui lui faisait face. Il retira ses lames, les fit tournoyer et les planta dans le corps d’un deuxième corbie qui gisait à ses pieds. Une première fois, puis une deuxième, prenant un plaisir macabre à les voir s’enfoncer dans la chair.

Il se rua ensuite sur ses autres adversaires, ses cimeterres tournoyant sans répit autour de lui. Le premier corbie, transpercé une dizaine de fois avant d’avoir eu le temps d’esquisser le moindre geste, mourut avant de toucher le sol. Il en fut de même pour le deuxième, puis le troisième. Continuant sa progression et faisant reculer ses adversaires, Drizzt se trouvait désormais sur une section plus large de la passerelle. Trois corbies l’attaquèrent en même temps. Et moururent en même temps.

— Détruis-les, elfe noir ! grogna Belwar en voyant son ami plonger dans la mêlée.

L’homme-oiseau qui faisait face au maître-terrassier tourna la tête pour voir ce qui attirait l’attention de son adversaire. Quand il revint sur le svirfnebelin, il fut cueilli au visage par un terrible coup de la main-marteau du gnome ; des morceaux de bec s’éparpillèrent dans tous les sens et le pauvre corbie s’envola pour la première fois dans l’histoire de son espèce avant d’atterrir sur le dos quelques mètres plus loin, mort.

Enragé, Belwar n’en avait pas fini avec lui. Il se mit à courir, faisant basculer dans le vide tous ceux qui se mettaient en travers de sa route. Quand il arriva à hauteur du corps sans bec, il y plongea profondément sa main-pioche. D’un seul bras, il brandit le cadavre au-dessus de lui et poussa un hurlement terrible.

Il y eut un flottement dans les rangs des corbies ; le gnome en profita pour jeter un œil à Drizzt et il fut horrifié de ce qu’il voyait.

Une vingtaine d’hommes-oiseaux se pressaient autour de l’elfe, profitant de l’élargissement de la passerelle à cet endroit. Mais ce n’était pas cela qui inquiétait Belwar – la dizaine de cadavres qui gisaient aux pieds de Drizzt était la preuve que son ami avait pris le dessus. Ce qui lui faisait peur, c’était cet autre homme-oiseau suicidaire qui plongeait avec sa charge mortelle vers le drow.

Le gnome pensa alors que la fin de son ami était proche.

Mais le chasseur avait perçu le danger.

Tandis qu’un corbie s’approchait de lui, Drizzt brandit ses cimeterres en un éclair et lui trancha les bras au niveau des épaules. D’un seul et même mouvement, il remit ses sabres ensanglantés dans leur fourreau, se précipita vers le bord de la passerelle et sauta vers Belwar à l’instant même où le corbie suicidaire s’écrasait, faisant s’effondrer la passerelle et entraînant une vingtaine des siens dans la mort.

Le gnome lança son trophée sans bec sur ses ennemis afin de ralentir leur progression puis il se mit à genoux, étendant sa main-pioche en direction de son ami. Drizzt parvint à saisir la main de Belwar et à s’accrocher au rebord de l’arche de pierre, se cognant la tête au passage. Son piwafwi, qui s’était déchiré, laissa échapper la figurine d’onyx, et le svirfnebelin ne put qu’assister, impuissant, à sa chute en direction de l’acide.

Drizzt la rattrapa in extremis entre ses pieds.

Sachant leur fin proche, le gnome eut presque envie de rire devant la futilité des efforts de son ami.

— Elfe noir, ce fut une belle aventure, conclut-il, résigné, en voyant les corbies avancer sur eux.

À la réponse du drow, il retrouva son sérieux et devint pâle comme la mort.

— Balance-moi ! ordonna l’elfe d’un ton si impérieux que le gnome obtempéra sans même réfléchir.

Au terme de quelques acrobaties, Drizzt se retrouva de nouveau sur la passerelle. Une fois son équilibre rétabli, il sortit ses cimeterres et découpa son adversaire le plus proche.

— Pourrais-tu la garder pour moi ? demanda-t-il au maître-terrassier en lui lançant la statuette d’onyx à l’aide de son pied.

Belwar attrapa l’objet entre ses bras et le fit glisser dans une de ses poches.

Se mettant en retrait, il observa Drizzt tandis que ce dernier taillait parmi ses adversaires un chemin vers la sortie la plus proche.

Cinq minutes plus tard, au plus grand étonnement de Belwar, les deux compagnons dévalaient, libres, un tunnel sombre, tandis que la mélopée maudite des corbies s’évanouissait au loin.

Terre d'Exil
titlepage.xhtml
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Salvatore,R.A.-[Legende de Drizzt-2]Terre d'Exil(Exile)(1990).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html